Faire la différence entre négocier et manipuler

Beaucoup de gens manipulent les autres pour arriver à leurs fins mais se disent ou disent aux autres qu’ils négocient.
Ces gens sont convaincus que c’est une façon de procéder acceptable, que sinon ils se feront avoir.
Certains disent qu’ils écoutent leurs besoins et que les autres n’ont qu’à faire la même chose s’ils ne sont pas contents.

Commençons par comprendre la différence entre les deux.

Négocier, c’est discuter de choses communes en vue d’un accord. La négociation sert à être conciliant dans le but d’arriver à un compromis et d’obtenir une certaine satisfaction commune sur différents rapports.
Dans une vraie négociation, les parties ne se sentent pas bafouées ou écrasées. Elles expriment librement leurs besoins respectifs pour s’entendre et elles se sentent respectées.

Manipuler, c’est chercher à contrôler l’autre en utilisant la peur ou la culpabilisation pour arriver à le convaincre.
Prenons l’exemple de la répartition des tâches à la maison entre des conjoints et leurs enfants (mais cet exemple peut très bien s’appliquer à des conjoints, des collègues de travail ou à toute autre relation).

Si l’un des parents se plaint aux autres qu’ils n’aident pas assez – donc essaie de les culpabiliser – c’est de la manipulation. C’est aussi de la manipulation si un parent ne dit rien mais agit en victime en se plaignant d’en avoir trop à faire, espérant ainsi que les autres s’offrent d’eux-mêmes, ou s’il utilise la menace pour obtenir ce qu’il veut.

Combien de parents ont menacé leurs enfants de les priver de quelque chose s’ils ne rangeaient pas leur chambre?

Les enfants d’aujourd’hui sont excellents pour négocier. Ils vont parfois essayer de profiter de leurs parents, mais leur intention n’est pas de manipuler.
Ils utilisent plutôt ce moyen pour savoir à quel point leurs parents se respectent, donc sont respectables à leurs yeux. Ils aiment bien que leurs parents fassent respecter leur espace, mais sans se sentir accusés, culpabilisés ou diminués.

Dans mon exemple, une bonne négociation serait que les quatre s’assoient ensemble avec l’intention d’établir une entente pour garder une maison propre et où il fait bon vivre.

Il est important que les parents aient fait une liste de tout ce qu’il y a à faire dans la maison à toutes les semaines avant de tenir une telle rencontre.

C’est l’attitude qui se dégage des parents qui va permettre dès le départ aux enfants de savoir si leurs parents se respectent et les respectent.
Cette attitude doit démontrer que leur grand désir est d’arriver à une entente qui va répondre aux besoins des quatre membres de la famille. Il est important que chacun reconnaisse que tous contribuent à salir la maison et qu’il est juste et équitable que tout le monde la nettoie.

Chacun doit sentir qu’il a droit à la parole, qu’il peut faire valoir son point de vue sans que les autres fassent des commentaires désobligeants.
Cela implique donc que chacun parle à tour de rôle de ses besoins, de son horaire, de ses capacités et du comment il croit pouvoir contribuer à ces tâches.

Lorsqu’une entente est conclue, il est recommandé de discuter de comment les manquements seront gérés.
Je suggère de laisser les enfants décider des conséquences car ils sont souvent plus justes à cet effet. Les enfants – même très jeunes – adorent prendre part aux décisions familiales.
Ils se sentent importants. Je vous rappelle que les enfants d’aujourd’hui se considèrent comme des êtres humains à parts égales avec tous les autres.

Ce genre de négociation demande de la pratique. Il est fort probable qu’il y ait des conflits lorsqu’une famille décide d’expérimenter une telle négociation pour la première fois (qui peut porter sur bien d’autres sujets que celui donné en exemple).
Il doit donc y avoir l’un d’entre eux qui soit responsable de leur rappeler le but de la rencontre et de les inciter à respecter les opinions de chacun.

En ce qui concerne la manipulation, elle est très fréquente dans toutes les relations.

Si vous voulez en prendre conscience, vous pouvez demander à vos proches de vous en faire part lorsque vous manipulez. Par contre, ne vous sentez pas coupable car plus on se sent coupable, plus on recommence.

Vous pouvez par exemple leur demander de vous dire : « Est-ce que je viens d’entendre une manipulation ou as-tu l’intention de négocier quelque chose avec moi? ». Lorsqu’il n’y a pas de sentiment de culpabilité, on peut en rire et avouer plus facilement s’il y avait effectivement de la manipulation.

Dans une manipulation, il y a un gagnant et un perdant. Par contre, certaines personnes sont tellement habiles à faire valoir leurs besoins qu’elles arrivent à manipuler sans qu’il y ait un perdant.

Supposons qu’une femme souhaite absolument aller voir un film en particulier avec son mari.
Elle sait qu’il est souvent fatigué et qu’il n’aime pas sortir les soirs de semaine alors elle lui explique à quel point ça lui ferait du bien de le voir, qu’elle est certaine qu’il l’aimera ou lui promet quelque chose qui lui fera plaisir.

Toutes ces actions sont de la manipulation. Cela dit, si son mari finit par accepter et qu’il lui dit après le film qu’il est heureux d’avoir dit oui, il n’y a pas de perdant.

Cependant, si vous êtes du genre à savoir convaincre les autres d’écouter vos besoins, sachez que ce genre de manipulation n’est acceptable qu’à la condition que vous soyez prêt à essuyer un refus. De cette façon, l’autre personne sentira qu’elle a le droit de dire non et que personne ne vivra des émotions, ce qui démontre du respect.

Pratiquez la négociation aussi souvent que possible car c’est un excellent moyen pour améliorer des relations. C’est mieux que de vous taire et d’endurer jusqu’au jour où vous éclaterez à force d’avoir refoulé trop d’émotions. La négociation vous aidera à recevoir et à donner l’heure juste aux autres, que ce soit dans votre vie personnelle ou professionnelle.

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